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Le système du viol de masse des hommes mis en lumière en Libye

En Libye, depuis 2011, le viol est utilisé comme une clé de voûte de la stratégie militaire des milices armées qui contrôlent les frontières et font du commerce d'êtres humains avec les passeurs : prisons clandestines, humiliations et tortures commises depuis la chute de Kadhafi dans un pays plongé dans le chaos.


Ailleurs, c'est le viol des femmes et des enfants qui est utilisé comme arme de guerre. Mais en Libye, ce sont les hommes qui sont violés.


"En Libye, le viol des hommes a émergé en pleine guerre civile. C'est une arme qui ne laisse pas de cadavres, peu de traces visibles. Mais un homme violé est vu comme un être "souillé" qui n'a plus de place sociale et n'a plus droit à la parole dans l'espace politique. Surtout, le système génère sa propre protection : un homme, chef de famille, chef de tribu, ne parlera jamais, de crainte que la souillure ne s'étende à ses proches, à sa descendance, et n’en fasse des parias. Dès qu'une victime sort de geôle, un cycle de vengeance s'enclenche : on cherche quelqu'un du camp adverse à violer. Et ce cycle, sans fin, s'amplifie aujourd'hui. En Libye, depuis 2011, le viol est donc bien utilisé comme une clé de voûte de la stratégie militaire".

Cécile Allegra ; propos recueillis par Lætitia Moller.


L'investigation exceptionnelle de la réalisatrice Cécile Allegra révèle le système de viols de masse qui, en Libye, cible les hommes. Dans un documentaire inédit "Libye, atanomie d'un crime", diffusé sur ARTE le 23 octobre 2018, l'enquête vise ce crime de guerre érigé en système qui frappe d’abord les hommes : le viol des hommes dans la poudrière libyenne.


L'enquête a reçu le Prix de l'Organisation mondiale contre la torture (l’OMCT), section "grands reportages", FIFDH 2018.


"À l’origine, le projet portait sur la question du viol de guerre de façon générale. Avec ARTE, nous voulions faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un dommage collatéral, mais d’une arme à part entière. En tant que réalisatrice engagée, je m'interdis de travailler uniquement sur le pathos. Ce qui m’intéresse est d'inscrire dans une narration la démonstration du viol comme système, pensé et organisé. Pour qu'un spectateur accepte de voir en face la mécanique de l’horreur, j'ai choisi de raconter une histoire inédite : comment deux militants libyens, seuls et sans appui, vont peu à peu faire émerger un crime d'une ampleur sans précédent. En Libye, il y avait eu des rumeurs de viols lors de la chute de Kadhafi, mais aucune ONG n’avait réussi à apporter des preuves substantielles de l’existence d’un tel système".

Cécile Allegra ; propos recueillis par Lætitia Moller.


A la faveur du chaos politique, l’État islamique s’est implanté en Libye et lance des attaques, notamment à Misrata et à Syrte.

Par ailleurs, le 18 avril 2018, à l’initiative de Céline Bardet, juriste spécialisée dans les questions de crimes de guerre et de justice pénale internationale, une plainte pour torture est déposée par Maître Ingrid Metton, contre le maréchal libyen Khalifa Haftar auprès du pôle « crime contre l’humanité » du tribunal de Grande Instance de Paris.


Source : Libye Tribune

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